mercredi 5 octobre 2011

Googling Lyon #4 (bonus) : les Archives du Rhône en ligne, par Yann Sambuis

Après une longue période de sommeil, les Archives départementales du Rhône (ADR pour les intimes) m’ont poussé à me remettre au travail (en fait, je travaille beaucoup, c’est même pour ça que les deux blogs, yannsambuis et Digital Lugdunum, sont en sommeil) en mettant en ligne, il y a quelques temps déjà, le site qu’on nous promettait depuis longtemps. Site que je me suis empressé de tester pour vous…

Une première impression agréable

On le voit immédiatement, les ADR ne se sont pas moquées de nous. La page d’accueil est très agréable. Les couleurs n’agressent pas l’œil, l’ensemble est lumineux et aéré. Certes, nous ne sommes pas là pour décerner un prix d’esthétique, mais pour un site où l’on risque de passer de longues heures de recherche, ça compte. Un seul choix peut étonner, celui du nuage de termes qui apparait en haut de la page et occupe une large place. On ne sait pas selon quel critère sont classées les rubriques (nombre de clics, abondance des fonds numérisés, taille aléatoire ?) et le choix de la disposition en nuage à pour conséquence de mettre en avant certaines catégories au détriment des autres.  Mais la première impression est globalement très bonne et donne envie de pousser plus loin.

Une navigation fluide et (presque toujours) bien pensée

Plusieurs manières de naviguer sur le site sont possibles. Elles correspondent chacune à un type d’usage et d’utilisateur, permettant à tous (historiens, généalogistes, amateurs…) de trouver leur bonheur. La page est en gros découpée en trois « blocs » : les outils d’accès aux fonds, les outils de recherche thématique et les menus de haut et bas de page, qui réservent des surprises agréables.

Naviguer dans les fonds
Le premier outil de navigation est un gros bloc gris clair, placé juste sous le nom du site, qui permet de naviguer directement dans les fonds. Les « Archives numérisées », sur lesquelles nous reviendrons, sont accessibles soit par le biais du nuage de rubriques, soit par un menu déroulant. Chaque rubrique offre un outil de recherche qui lui est propre (par année, par ville, par nom de personne, etc., selon le type de document). La rubrique « Toutes les archives » permet d’effectuer une recherche par sujet, lieu, personne, date ou cote. Concernant ce premier outil de navigation, on note un défaut : on ne peut pas utiliser le bouton « page précédente » du navigateur, et on est donc obligé d’utiliser le bouton « Retour », qui renvoie vers la page d’accueil. Ce petit problème n’est pas rédhibitoire, mais il oblige à prendre des précautions…

Penchons-nous maintenant de plus près sur les archives numérisées elles-mêmes, contenu le plus à même d’intéresser les historiens 2.0 que nous sommes. Bien sûr, les fonds accessibles sont encore limités. J’ai eu l’occasion de visiter la salle où les documents sont numérisés, c’est un travail de longue haleine…
Les documents disponibles sont néanmoins bien présentés. Chaque fond est accompagné d’une courte note descriptive, et le bouton « + d’infos » permet notamment de voir le document dans son contexte (place dans le dossier…) et d’obtenir sa cote. On peut en outre trier les résultats de recherche par date, type ou pertinence.
Enfin, l’outil de visualisation des documents est satisfaisant. On peut manipuler les documents, zoomer (la définition est bonne), feuilleter un dossier… Il ne manque que la possibilité de télécharger les images, mais une solution de rechange a été trouvée, nous y reviendrons. Pas d’océrisation, bien sûr. C’est regrettable mais, la plupart des documents étant manuscrits, le chantier aurait été colossal.
Bref, malgré le peu de documents disponibles pour le moment, l’outil d’accès aux fonds numérisés est très prometteur, une sorte d’évolution de celui des Archives municipales de Lyon.

Des outils accessibles à tous
En-dessous du premier bloc, on en trouve un second, lui aussi très facilement repérable et intitulé « Vous recherchez ». Il propose quatre entrées illustrées par des icônes : « une personne », « un lieu », « un thème » et « une période ». Ces quatre catégories sont très différentes et nous allons donc les traiter séparément…
« Une personne » et « un lieu » proposent des conseils de recherche pour la biographie, la généalogie, ou encore la recherche d’informations sur un bâtiment. Ces rubriques sont de véritables mines d’or. Les conseils, destinés à l’amateur, sont judicieux et de multiples liens en surbrillance permettent d’accéder aux fonds ou à des outils de recherche.
« Un thème » conduit à une page qui recense différentes thématiques. Cliquer sur l’une d’entre elles permet d’accéder à un arbre de sous-rubriques qui permet d’affiner la recherche par étapes successives jusqu’à la liste des fonds à consulter sur un point précis. L’arborescence est bien conçue, très ergonomique, avec la possibilité de revenir en arrière. On regrettera seulement que le premier menu de 13 thèmes reste apparent, ce qui peut être encombrant sur un petit écran.
Enfin, « une période » permet d’accéder à ce qui est, pour moi, l’une des plus belles ressources du site : une frise chronologique interactive. En cliquant sur l’une des 5 périodes proposées, on peut « zoomer » sur la frise pour voir s’afficher quelques dates clefs. On accède en outre, en-dessous de la frise, à une arborescence de thèmes similaire à celle de l’outil « un thème » pour chaque période. C’est pour moi l’outil de navigation le plus ergonomique et le plus sympathique, celui qui utilise le mieux les possibilités du web.
Dans l’ensemble, ces quatre outils très bien conçus, s’ils sont plus destinés à l’amateur qu’à l’historien professionnel, qui préférera naviguer directement dans les fonds, sont pour moi le principal atout du site.

Les trésors cachés du pied de page
Dernier « bloc », le haut et le bas de la page… Le bas reprend en fait une sorte de plan du site. Le « Plan des recherches » correspond aux outils traités plus haut. Les « Infos pratiques » reprennent le tout petit menu déroulant situé en haut à droite de la page, et qu’on voit à peine à coté de l’outil d’accès aux fonds et d’un diaporama à fonction purement décorative. Ce menu renferme le dernier « trésor » du site : aux cotés des informations classiques (coordonnées, plan d’accès, agenda…), il propose une rubrique « Outils de recherche ». Cliquer permet d’accéder à une page aux contenus hétéroclites classés en trois onglets. Le premier permet de télécharger les fascicules « Clés de la recherche » disponibles au format papier aux archives. Le second, « Listes et cartes », permet d’accéder à des documents aussi divers qu’utiles, de la liste des archivistes du Rhône à la carte des sections cadastrales de Vaise. Encore une véritable mine d’or qui souffre de ne pas être plus mise en avant sur la page d’accueil. Le troisième et dernier onglet, « Références », est comme son nom l’indique une liste de références bibliographiques assez anciennes (XIXe siècle surtout) avec pour chacune d’elle un lien vers Gallica permettant de consulter gratuitement l’ouvrage en ligne. Une très bonne idée.
Enfin, le pied de page propose des liens vers les pages des ADR sur Twitter et Flickr et un flux RSS. De quoi ravir les adeptes de la digital history, d’autant que l’activité semble assez intense sur le compte Twitter. Encore une très bonne idée et un signe de la volonté des ADR d’entrer de plain-pied dans l’ère du numérique.

Le compte personnel : la bonne idée des ADR
Nous terminerons ce test en rendant hommage aux ADR pour une très bonne idée : la possibilité de créer un compte personnel. En quelques clics, le visiteur peut accéder à un espace personnel qui lui permet de garder en mémoire les recherches effectuées et les documents consultés en les plaçant dans son panier, à la manière des sites de vente en ligne. L’outil est rudimentaire (on ne peut pas classer les documents sélectionnés) mais très pratique, et il permet notamment de partager sa sélection en copiant un lien. Comme on ne peut pas naviguer dans une recherche avec son navigateur internet et qu’il est donc impossible d’enregistrer un résultat dans ses favoris, on a là l’outil indispensable pour sauvegarder ses résultats.

Quelques mots pour conclure
Longtemps attendu, le site des ADR tient ses promesses. Malgré un coté un peu « fouillis » au départ, il est très bien conçu et offre de belles perspectives d’avenir lorsque le fond numérisé s’étoffera.

Les +
La frise chronologique de la rubrique « une période ».
Les « outils de recherche ».
Les conseils de recherche des rubriques « une personne » et « un lieu ».
Maniabilité des documents numérisés.
Twitter/Flickr/RSS

Les –
« Outils de recherche » pas assez visibles sur la page d’accueil.
Pas d’océrisation, mais était-ce possible ?