vendredi 22 octobre 2010

Google documents, un outil au service de l'historien ?

Pour commencer ce blog, j’ai choisi de m’intéresser à ce que j’appellerai un outil de travail collaboratif (je ne sais pas si le terme est exact, mais il me semble approprié), Google documents. Le géant américain du Web, s’il pose parfois problème en raison de sa situation quasi monopolistique sur certains marchés (la publicité, les moteurs de recherche…), propose plusieurs outils appréciables. Je précise que le test des fonctionnalités de Google documents a été réalisé avec Rémi Fédière, qui publiera sans doute un article sur le même sujet sur son blog (http://histoirenumeriquefediere.blogspot.com/).

Google documents est donc un outil de travail en ligne. Il propose un traitement de texte, un tableur, un outil de dessin, un outil de création de présentations (type Powerpoint) et un outil de création de questionnaires. Ces fonctionnalités sont accessibles sur internet au moyen d’un simple navigateur, sans que l’installation d’une suite logicielle de bureautique (Microsoft Office, OpenOffice…) ne soit requise. Si elle est utile, cette dimension ne suffit cependant pas à rendre Google documents incontournable, tous les ordinateurs ou presque étant équipés de logiciels de bureautique. Son intérêt réside en fait dans la possibilité offerte à l’utilisateur, au moyen d’un compte Google, de stocker et de partager en ligne des documents et, surtout, de travailler à plusieurs sur lesdits documents.
            Google documents permet en effet de collaborer en ligne. Ainsi, plusieurs personnes peuvent agir, et même interagir sur le document. Non seulement, les personnes autorisées à l’éditer peuvent modifier le document, mais elles peuvent le faire en même temps, les modifications s’affichant en direct sur les écrans des différents utilisateurs en ligne. Un code de couleurs permet de voir qui est en train d’écrire. Différents utilisateurs peuvent donc accéder, depuis n’importe quel ordinateur, aux documents sur lesquels ils travaillent, et travailler en collaboration en direct. Cette possibilité ouvre d’ailleurs des perspectives de travail collaboratif très intéressantes si on les couple par exemple avec un logiciel de visioconférence comme Skype.
Il faut en outre noter que le nombre d’utilisateurs pouvant modifier ou voir un document n’est pas limité. Les auteurs peuvent choisir qui a le droit de modifier, ou seulement de voir le document, allant même jusqu’à rendre possible une ouverture au web dans son entier, sans qu’un compte Google soit nécessaire pour modifier le document.

Les intérêts pour l’historien sont donc multiples, le premier étant de pouvoir travailler ensemble à distance.
A ce titre, l’outil de dessin peut être très utile lors de la construction d’une réflexion : il peut être utilisé comme un « tableau blanc » du type de celui que propose scriblink.com. Insistons une nouvelle fois sur les possibilités offertes par une utilisation couplée avec un logiciel de discussion par visioconférence. Google documents permet donc de réfléchir ensemble à distance, ou d’illustrer en direct une réflexion par des schémas. Si elle est moins « frappante » en termes d’avancée technologique, l’utilisation d’un tableau blanc virtuel peut bien sûr se faire aussi en différé.
Au-delà de cette construction de la pensée en direct par plusieurs utilisateurs distants, Google documents permet aussi un partage des tâches à distance. Prenons l’exemple d’un tableau de données réalisé à partir de fiches de recensement. Vingt-six utilisateurs peuvent se répartir les lettres de l’alphabet et remplir le même tableau en ligne. On évite ainsi plusieurs obstacles :
1)    La nécessité pour un des utilisateurs de centraliser les tableaux de ses différents collaborateurs et de les réunir en un seul document, ce qui multiplie le risque d’erreur.
2)    Le risque d’avoir des tableaux construits de manière différente, puisque chacun remplit ici le même modèle.
Ces obstacles peuvent bien sûr être évités par des précautions prises en amont, mais Google documents facilite ici le travail, d'autant plus lorsque le partage consiste par exemple à dépouiller des sources distantes.
De même, on peut envisager le cas d’un recueil d’articles écrits par différents auteurs sur un sujet donné. Si chaque auteur permet aux autres d’accéder à son article en cours d’écriture (pas nécessairement de le modifier, mais de le voir et, peut-être, de l’annoter), on peut éviter les redites, commenter certains points, faire des remarques et des suggestions. Si cette méthode de travail peut se heurter à des problèmes d’égo, elle semble assez prometteuse.

Si nous n’avons fait ici qu’entamer le déblaiement du terrain, ces quelques pistes de réflexion méthodologique montrent donc que Google documents peut être, pour l’historien, un outil utile et pertinent. Il multiplie en effet les possibilités de travail collaboratif, en permettant de s’affranchir de l’obstacle de la distance pour travailler à plusieurs hors des réunions et colloques occasionnels, que ce soit pour réfléchir ensemble ou pour se partager les tâches.

En résumé :

Les + : collaboration en direct, utilisation comme tableau blanc, ergonomie (code de couleurs), écriture collaborative, partage du travail, stockage en ligne, export et import depuis des suites bureautiques, suivi des modifications possible, gratuit
Les - : la barrière de la langue subsiste, il peut être fastidieux de retrouver quelque-chose qui a été effacé par un autre utilisateur, limite de stockage (1 Go, beaucoup pour du texte mais peu pour des présentations contenant des images), possibilités limitées par rapport à une suite logicielle comme Microsoft Office

Si j'en ai le temps, je mettrai peut-être des liens vers des exemples de travail collaboratif en commentaire. En attendant, vos remarques, idées, commentaires, compliments, etc. sont les bienvenus.

1 commentaire:

  1. Même remarque que pour Rémi: bravo pour ce dialogue et mise en oeuvre concrète du collaboratif, même à un niveau préliminaire.

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