vendredi 14 janvier 2011

Googling Lyon (1/3). Ebauche d’un portrait de l’histoire de Lyon en ligne, par Yann Sambuis

J’inaugure avec ce billet une série qui devrait en compter au moins trois et dans laquelle je me penche sur la présence en ligne de l’histoire lyonnaise. Ce premier volet est consacré à la recherche sur internet d’informations sur l’histoire de Lyon. J’aborderai dans les prochaines semaines la question de la présence des historiens lyonnais sur le web et de la possibilité pour l’historien de Lyon de pratiquer une histoire numérique, c’est-à-dire d’une part de trouver des ressources en ligne et d’autre part d’être actif sur le réseau mondial.

Il y a quelques semaines déjà, je publiai sur mon blog personnel un billet intitulé « Edouard Herriot et les pièges du net », dans lequel je décrivais avec humour les péripéties d’un jeune homme de la « génération internet » – à laquelle j’appartiens aussi – à la recherche d’informations sur Edouard Herriot. Ce billet est en fait le résultat d’un échec : j’avais au départ l’intention d’écrire un guide de l’histoire lyonnaise en ligne, mais devant le peu de temps dont je disposais, je décidai de me cantonner à Herriot, sans prétendre aucunement à l’exhaustivité sur le sujet. Seconde tentative, donc, qui je l’espère sera la bonne.

Au commencement était Google

            Mon propos n’est pas ici de dresser une liste des sites – ils sont de toute façon peu nombreux – traitant avec sérieux et rigueur de l’histoire de Lyon. J’ai délibérément abandonné toute idée d’exhaustivité, préférant rédiger une sorte de « guide » de l’histoire de Lyon en ligne, qui suivra le fil de mes propres recherches. C’est pourquoi notre voyage dans les profondeurs du net commence tout naturellement sur Google.
            Première précaution : rien ne vous interdit d’utiliser un autre moteur de recherches (Bing, Yahoo, etc.). Il se trouve seulement que, comme la plupart des internautes, j’ai mes habitudes sur Google – dont j’utilise non seulement le moteur de recherches, mais aussi la messagerie, la plateforme de gestion de blogs, etc.
            Recherchons donc : « Histoire de Lyon ». Une bonne surprise nous attend. En effet, alors que les résultats s’ouvrent le plus souvent par un article Wikipédia – nous y reviendrons –, l’encyclopédie en ligne est ici précédée par des pages plus sérieuses. Après un plan d’accès au muséum d’histoire naturel (fermé depuis quelques années déjà…), on trouve ainsi, en 2e et 3e positions, les pages du site dédié au patrimoine de la ville de Lyon, et la rubrique « Histoire » du site de la mairie de Lyon. Ces deux sites ont le mérite de résumer avec clarté et en quelques pages seulement l’histoire de la ville de Lyon. Le second reprend d’ailleurs de larges extraits du premier, ce qui est compréhensible puisque les deux émanent du même service, et font en quelque sorte doublon.
            Dans le même esprit, et toujours en première page des résultats de la recherche Google, deux autres sites proposent de brèves histoires de Lyon assez sérieuses pour être mentionnées ici. D’une part, le site de l’association @lyon propose une page « Historique de la ville de Lyon », qui a le mérite de retracer l’histoire de la ville en s’appuyant sur une chronologie assez étoffée, au moins jusqu’au XXe siècle, pour lequel un petit manque de précision est à déplorer, plusieurs événements étant mentionnés comme « importants » sans que leur date ne soit précisée. D’autre part, le site de la Primatiale Saint-Jean propose une section histoire assez détaillée qui fait la part belle à l’histoire religieuse, et comporte un chapitre intéressant sur les fêtes du 8 décembre.
            On oubliera en revanche la page « Histoire de Lyon » du portail l’Internaute, selon laquelle il ne se passe rien, à Lyon, de suffisamment important pour être mentionné entre 1834 (massacre de la rue Transnonain) et 1987 (arrestation à Lyon des membres d’Action Directe).
           
L’Homme fit Wikipédia à son image… et l’historien vit que cela n’était pas toujours bon

            Intéressons-nous maintenant au « cas » Wikipédia. L’encyclopédie en ligne doit, on le sait, son succès à l’adoption de la charte des Free cultural works (travaux culturels libres), tirée de la Free software definition (définition du logiciel libre) du projet GNU.
            Or le point essentiel de cette charte est la liberté pour tout utilisateur de modifier le contenu d’une page et de diffuser ce contenu modifié. Les articles de Wikipédia sont dès lors sujets à de constantes mises à jour, et les critiques que je pourrais adresser à la page que j’ai sous les yeux ne seront peut-être plus pertinentes dans deux jours. Je pourrais d’ailleurs aussi bien modifier la page moi-même pour qu’elle réponde à mes attentes. Mais ce n’est pas  notre propos ici. Contentons-nous de reconnaitre avec Roy Rosenzweig[1] que les chronologies sont le plus souvent justes et que, du point de vue factuel, la constante réécriture et le débat sur les pages de suivi des modifications aboutissent à des articles assez complets et aussi neutres que possibles sur le plan de l’idéologie.
            Une lecture rapide des deux pages consacrées par Wikipédia à la ville de Lyon et à l’histoire de Lyon ne laisse pas apparaître d’erreurs. Les commentaires d’utilisateurs laissent certes soupçonner un manque de justification par des sources précises, mais les pages citées précédemment n’en mentionnaient pas ou peu. L’article sur Herriot, littéralement truffé de fautes, m’a cependant appris la prudence, et je ne saurais trop conseiller à l’internaute de se tourner vers d’autres sources si possible. D’autant que la justesse de l’article d’aujourd’hui ne garantit rien pour demain.

Des tentatives d’histoire de Lyon en ligne

            Achevons notre rapide exploration avec des sites plus étoffés que les courts historiques précédemment mentionnés. On trouve en effet sur le net quelques sites dédiés à l’histoire de Lyon et proposant des ressources intéressantes.

            En premier lieu, comment ne pas citer le site des Archives municipales de Lyon, dont la section « Histoire de Lyon » offre plusieurs outils intéressants.
            Tout d’abord, le site offre une chronologie des maires de Lyon, accompagnée d’une sympathique rubrique sur les « records » des édiles lyonnais, le tout tiré de l’ouvrage publié en 1994 sur le sujet[2].
            Ensuite, l’outil « C’est arrivé à Lyon » permet de découvrir de manière ludique les grandes et les petites dates de l’histoire de la capitale des Gaules. Ont peut ainsi apprendre tout ce qui s’est produit le jour de son anniversaire, les événements de telle ou telle année, ou encore effectuer une recherche par date ou mot-clef.
Enfin, le site propose des archives commentées sur des sujets divers et des recherches thématiques réunissant des archives autour d’un même sujet. On trouve notamment dans l’onglet « Personnages » une courte et intéressante biographie d’Edouard Herriot.
Le site des archives de Lyon est donc à conseiller non pas seulement aux professionnels de l’histoire – nous y reviendrons dans le troisième volet de cette série d’articles –, mais aussi à tous ceux que l’histoire de la ville intéresse.

On retiendra ensuite le site d’histoire de Lyon et de la région lyonnaise créé en 2007 par «  des historiens lyonnais, professionnels et membres de sociétés savantes » - sans précision sur leur identité ou celle desdites sociétés – avec un objectif bien plus ambitieux que le nôtre.
Le plan du site laisse en effet deviner une ambition encyclopédique, puisque des sections, souvent vides, sont prévues pour un grand nombre de thèmes, comme par exemple l’histoire militaire de Lyon au Moyen-âge ou l’histoire du costume et de la mode à Lyon. Malheureusement, le site compte peu d’articles, qui sont pour la plupart de courtes notices biographiques sur des personnages lyonnais, des chronologies indicatives ou encore des indications bibliographiques sur un sujet précis.
De plus, le site semble avoir cessé toute activité depuis le 24 juin 2008, date de la dernière publication. Ce projet mérite cependant d’être mentionné, ne serait-ce que pour ces objectifs ambitieux. Rien ne dit en effet que son activité ne reprendra pas un jour.

Enfin, il me semble difficile de faire l’impasse sur un site amateur très actif jusqu’à une période récente, Lyon Historique.
Ce site, qui se présente comme « l’œuvre d’un amateur d’histoire locale », regroupe 85 articles présentant des lieux historiques de Lyon et de sa région, tous publiés entre 2005 et 2010 par le webmestre, dont le pseudonyme est « qse ». L’article le plus récent remontant à l’été 2010, on peut se demander si le site est encore actif. Néanmoins, il demeure très intéressant dans une perspective de découverte en amateur de l’histoire locale, et regorge d’idées de visites qui, ne l’oublions pas, sont indissociables de l’histoire grand public.

Du pain sur la planche ?

            Concluons donc ce premier volet sur une note d’optimisme. Si, comme nous l’expliquons dans le texte fondateur de Digital Lugdunum, l’histoire lyonnaise se doit d’être plus présente en ligne, la situation n’est pas désespérée. Il est possible de trouver facilement des indications de qualité sur l’histoire de notre ville. Ce qui manque, ce sont en fait les travaux précis réalisés par des professionnels. Malgré l’échec – temporaire ? – de la tentative mentionné plus haut, pourquoi ne pas rêver de créer un jour une histoire de Lyon en ligne écrite par des historiens et accessibles gratuitement à tous ?

Les sites que je vous recommande :

Pour une première approche générale et factuelle :

Pour des approches thématiques :
Lyon Historique (amateur)


[1] Roy ROSENZWEIG, “Can History be Open Source? Wikipedia and the Future of the Past”, Journal of American History 93, no. 1 (Jun 2006): 117-146
[2] Bruno Benoit, Raymond Curtet, René Giri, Maurice Moissonier, André Mure, Jacques Prévosto, Roland Saussac, 24 maires de Lyon pour deux siècles d’histoire, Lyon, Editions Lugd, 1994, 245 pages

2 commentaires:

  1. Comme je connais très peu l'histoire de Lyon, merci de ce billet pour béotiens, qui me donne par ailleurs quelques idées pour un autre blog.... A quand la suite de ce feuilleton?

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  2. Je vais essayer de tenir le rythme d'un épisode par semaine. Finalement, j'en ferai peut-être 4, d'ailleurs.

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